Recadrer les comportements inadéquats : un défi pour les gestionnaires

Inadéquat ?

Par comportement inadéquat on entend une attitude ou une action d'un·e employé·e qui, bien que mineure, perturbe l'harmonie de l'équipe, nuit à la productivité, ou va à l'encontre des valeurs et des attentes de l'organisation. À titre d’exemples, on peut citer le non-respect des directives, les commentaires négatifs ou encore les retards récurrents.

Voici d’ailleurs une liste de raisons évoquées par les gestionnaires pour expliquer leur difficulté à recadrer le comportement inadéquat d’un·e de leurs employé·es :

• Ça ne donne rien, il s’en moque.
• Son syndicat le/la protège.
• Il est fait de même.
• J’ai déjà essayé et ça n’a rien changé.
• Je n’ai pas le temps.
• Je n’aime pas ça.
• J’ai peur qu’il se fâche et qu’il quitte.
• Je ne sais pas comment l’approcher.
• Sa petite gang va se mettre sur mon dos.
• Ce n’est pas si grave que ça!
• Mon boss ne me soutient pas.
• Etc…

Vous êtes-vous reconnu·e dans un ou plusieurs de ces énoncés ? Si oui, voici deux bonnes nouvelles pour vous : 

La première c’est que vous n’êtes pas seul·e dans cette situation. Tenir ces conversations n’est pas inné.

La deuxième c’est que recadrer les comportements inadéquats et obtenir des résultats positifs, ça s’apprend. 

Peu de gestionnaires apprécient ces conversations délicates.

C’est dans la nature humaine de vouloir être apprécié·e. En recadrant des comportements que nous jugeons inadéquats, nous craignons de blesser les gens, de causer de la peine, de provoquer la colère ou de nuire à la relation.

Malheureusement, éviter de gérer ces situations, même mineures, a un corollaire important : la détérioration de la crédibilité du ou de la gestionnaire et la perte de confiance de ceux et celles qui sont à leur affaire dans l’équipe.

Comment aborder ces situations de manière constructive ?

Voici quelques conseils pour recadrer les comportements inadéquats :

1. Donner une rétroaction rapide : Espérer que les problèmes se résoudront d’eux-mêmes, c’est gérer par la pensée magique. Au contraire, les situations vont s’aggraver. Ainsi, dès qu’un comportement inapproprié est observé, agissez. Prenez la personne à part et nommez ce que vous avez vu ou entendu. Demandez à la personne d’expliquer ce qui s’est passé. Écoutez. Ne vous obstinez pas, n'essayez pas de convaincre. Simplement, réitérez vos attentes. Par la suite, prenez des notes. Cette conversation n’a pas à être très longue. Une ou deux minutes suffisent.
2. Rencontrer la personne de façon formelle, mais non disciplinaire : Si la rétroaction rapide ne fonctionne pas et que le comportement se reproduit, il est temps d’avoir une discussion plus étoffée. Cette conversation sera plus efficace si elle est menée dans un mode « coaching ». Votre posture doit montrer que votre objectif est d’amener la personne à réaliser que son comportement est nuisible et que vous avez confiance qu’elle peut le changer. Vous éviterez donc toute allusion à une mesure disciplinaire si la situation devait perdurer.
3. Se préparer : Le succès d’une telle rencontre réside dans votre préparation. Vous aurez en main les faits lorsque vous avez donné des rétroactions rapides. Vous aurez réfléchi aux répercussions du comportement de la personne et vous les communiquerez. Vous éviterez de lui donner des solutions pour corriger la situation. Rappelez-vous que vous discutez avec une personne adulte et qu’elle a toutes les ressources en elle. C’est donc à elle d’identifier des solutions pour changer.
4. Prévoir un suivi : Vous devez prévoir de discuter à nouveau avec la personne afin d’assurer un suivi. Ainsi, la personne comprend que cette situation est importante et que vous avez à cœur de l’accompagner dans le changement. Bien entendu, si entretemps la personne démontre des améliorations, profitez de cette occasion pour lui exprimer votre reconnaissance et votre confiance. Un échange de quelques secondes qui vaut son pesant d’or!

Un environnement de travail sain et productif

Le recadrage des comportements inadéquats n’est pas évident et demeure un défi pour les gestionnaires. Il est toutefois aussi important pour l’employé·e, le ou la gestionnaire que l’organisation. Ce recadrage favorise un traitement équitable, intègre et respectueux des membres de l’équipe. À ce titre, il contribue au maintien d’un environnement de travail sain et productif. Et ça, c’est gagnant dans tous les milieux de travail.

Pour aller plus loin :