Qu’est-ce que la bienveillance en milieu de travail ?
La bienveillance se définit comme une disposition d'esprit et une attitude visant à favoriser le bien-être et l'épanouissement d'autrui de manière désintéressée. Elle consiste à créer un environnement positif et respectueux, tout en maintenant des attentes claires et des limites professionnelles. Elle vise à améliorer la qualité de vie au travail et la performance collective à long terme.
Il est tout aussi important de noter que la bienveillance professionnelle n'est pas synonyme de laxisme ou de faiblesse, elle n’évite pas la critique constructive ou l'évaluation, elle n'implique pas non plus de laisser les collaborateurs faire n'importe quoi.
Une mauvaise compréhension de la bienveillance
La bienveillance est parfois mal interprétée ou caricaturée : elle est souvent assimilée à tort à de la naïveté. Certains la voient comme un « monde de oui-oui », ce qui nuit à sa crédibilité.
Cette perception est bien loin de la réalité.
Faire preuve de bienveillance permet d’oser dire les choses, tout en respectant l’autre. Pour reprendre les mots de Kim Scott1, il s’agit de faire preuve d’une « franchise radicale ». C’est-à-dire, remettre en question, voire confronter, son interlocuteur ou interlocutrice, sans l’agresser, pour l’aider à s’améliorer. « Cette franchise radicale devient le cycle vertueux qui peut aider l’entreprise à fonctionner, à collaborer et à se développer. »
On est bien loin de la naïveté toxique.
Implication
Faire preuve de bienveillance nécessite de développer son empathie cognitive pour comprendre l’autre (sans pour autant vivre ses émotions à sa place) et de pratiquer la communication non violente. Ces efforts favorisent un climat de travail où chacun·e se sait libre de s’exprimer, sans risque de représailles.
Une étude canadienne publiée en 2015 et menée par l’Association of Profesional Executives of the Public Service of Canada (APEX) révélait que, déjà à l’époque, les employés faisant preuve de respect et de gentillesse les uns envers les autres présentaient généralement :
- 26 % plus d'énergie
- 36 % plus de satisfaction au travail
- 44 % plus d'engagement envers leur organisation
Quelle organisation serait contre de tels résultats ? Sans parler du fait que de lutter contre les risques psychosociaux c’est aussi se mettre en conformité avec la Loi 27…
Comment faire ?
Développer une communication positive
- Pratiquer l'écoute active et empathique envers les collègues
- Encourager une communication ouverte, honnête et régulière
- Permettre à chacun d'exprimer ses difficultés sans jugement
Cultiver des relations de qualité
- Reconnaître la singularité et les contributions uniques de chacun·e
- Offrir du soutien et de la flexibilité aux employé·es qui en ont besoin
- Favoriser la solidarité et l'esprit d'équipe
Adopter un leadership bienveillant
- Donner l'exemple en incarnant soi-même la bienveillance
- Utiliser la rétroaction pour encourager les comportements bienveillants
- Prendre des décisions dans l'intérêt des autres
Créer un environnement de travail positif
- Mettre en place des espaces de convivialité (cafétéria, coin café)
- Instaurer une culture où la bienveillance va de soi
- Favoriser un climat de sécurité psychologique
Valoriser les petits gestes au quotidien
- Exprimer sa gratitude et sa reconnaissance pour le travail bien fait
- Offrir du soutien et du mentorat à celles et ceux qui en ont besoin
- Ne plus penser en termes de « donnant-donnant » mais cultiver l'altruisme
La bienveillance vient aussi avec son lot de défis à relever
Outre la mauvaise perception, il peut y avoir :
Des obstacles culturels et personnels, notamment au travers de traits culturels enracinés dans l'entreprise ou en raison de blocages intérieurs et de blessures personnelles chez certains employés.
Des défis de mise en œuvre, en raison du risque d'artificialité dans sa mise en pratique, la nécessité d'éviter les changements trop brutaux et le temps nécessaire pour que ses effets se diffusent dans l'organisation.
Des résistances managériales : Environ 50 % des dirigeants ne sont pas convaincus que l'empathie soit un moteur de productivité (selon Businessolver, 2020).
Un exemple d’entreprise bienveillante ?
Patagonia… Cette entreprise de vêtements de plein air se distingue par :
- Une culture d'entreprise positive
- Un fort engagement envers le bien-être de son personnel
- Une responsabilité sociale et environnementale exemplaire
C’est un des exemples qui revient tout le temps, avec et dans une moindre mesure Ben & Jerry ou Salesforce. Le fait que ces entreprises soient très souvent citées est aussi un peu le symptôme que la pratique n’est pas encore assez répandue.
Conclusion
Vous l’avez compris, la bienveillance en milieu de travail n'est ni un luxe ni un outil de communication, mais bien une attitude profondément ancrée dans le respect, la franchise et l'empathie. Adéquatement mise en œuvre, elle devient un catalyseur de satisfaction, d'engagement et de performance collective. Pourtant, elle ne se limite pas à un sourire ou un mot gentil : elle implique un travail sur soi, un leadership conscient et des efforts constants pour bâtir un climat de confiance. La bonne nouvelle ? Les gestes simples, quand ils sont authentiques, peuvent déjà faire une grande différence.
Êtes-vous prêt·e à faire de la bienveillance un moteur pour vos équipes et votre organisation ?
Pour aller plus loin :
Relation professionnelle : adopter une posture bienveillante pour favoriser la collaboration
[1] « Comment dire ce que l'on pense sans être méchant ? ». Kim Scott, auteur et coach de chefs d'entreprise, s'intéresse à l'équilibre délicat entre la bienveillance et la remise en question dans le cadre du travail. Elle présente la « franchise radicale » comme le moyen d'émettre des critiques constructives avec compassion. Voir son Ted Talk sur le sujet.