Voici une sélection de 3 conseils pour exprimer à l’autre notre perspective, de façon claire et neutre.
1. Ne présentez pas votre version des faits comme la vérité
C’est naturel, nous présentons souvent notre perception de la réalité comme la vérité absolue. Que ce soient nos croyances, nos opinions, nos idées, nous croyons parfois à tort qu’elles sont des faits.
C’est absolument essentiel, dans un premier temps, de faire la distinction entre ses sentiments et la réalité des faits.
Par exemple, Roger vous a parlé sur un ton sec et vous vous êtes sentie choquée. Il y a une différence entre lui dire « Roger, tu es bête comme tes deux pieds et tu me manques de respect! » versus « Roger, tu as monté le ton lorsqu’on a discuté ensemble. J’ai eu l’impression que tu étais fâché contre moi. Je me suis sentie très mal à l’aise et choquée. J’aurais besoin de comprendre ce qui a provoqué ce changement de ton et j’aimerais savoir comment tu as vécu la situation de ton côté ».
Il est très probable que la première option va mettre Roger sur la défensive et qu’il pratiquera une forme d’évitement avec une phrase du genre « Pas du tout! Je ne t’ai pas manqué de respect et je n’ai pas été bête! ».
Si vous souhaitez plutôt aborder le conflit pour le résoudre et retrouver l’harmonie, il faut d’abord se placer en position d’échanger vos perceptions pour vous comprendre, l’un et l’autre. Et cela requiert de le faire dans l’ouverture d’esprit, de part et d’autre. Et la meilleure façon d’amener l’autre à adopter la même disposition d’esprit est de lui monter la voie en lui exposant les choses comme étant votre perception, et non la vérité absolue.
2. Expliquez à l’autre d’où viennent vos impressions
Une fois votre perception partagée, expliquez à l’autre d’où viennent vos impressions. Pourquoi arrivez-vous à cette conclusion? Quelles expériences passées vous amènent à avoir cette impression aujourd’hui?
L’autre n’est pas dans votre tête, l’autre n’a pas la même expérience de vie que vous. Il ne peut pas vous comprendre, c’est à vous de lui expliquer.
Par exemple, je pourrais dire à Roger : « Tu sais, la façon dont tu m’as parlé me rappelle mon père qui me grondait enfant lorsque je faisais une bêtise ». Ou encore « Tu sais, la façon dont tu m’as parlé me rappelle comment je me sentais à l’école quand je ratais un examen et que ma professeure me faisait des reproches devant toute la classe! ».
L’important, c’est que l’autre ait toute l’information nécessaire pour pouvoir se mettre à votre place et vous comprendre. Et vous aussi vous aurez à faire la même chose envers lui.
3. N’abusez pas des termes génériques « jamais » et « toujours ». Donnez la chance à l’autre de changer.
Lorsqu’on se retrouve dans un conflit, il n’est pas rare d’entendre des phrases comme « Tu es toujours en retard, tu ne rends jamais tes dossiers à temps! ».
Il y a 2 inconvénients majeurs à l’utilisation de ces mots :
- Cela provoque un débat sur la fréquence, qui mènera fort probablement dans un cul-de-sac. (L’autre n’a qu’à citer UN exemple où ce n’était pas le cas et votre argumentation ne tient plus debout, ni votre crédibilité.
- Cela empêche l’autre d’envisager un changement de comportement : pourquoi essayer de changer vu que de toute façon il n’aura jamais gain de cause.
Les toujours et les jamais sont à proscrire pour éviter de générer de la frustration et que l’autre se referme comme une huître pour ne plus « jamais » s’ouvrir!
Dosez votre discours. Allez-y avec modération. Par exemple « Tu es moins ponctuel que d’habitude, mais nous avons des gros livrables qui s’en viennent et j’aurais vraiment besoin que tu m’aides ».
En conclusion
Tout l’enjeu est de se comprendre. La meilleure approche lors d’un conflit c’est de se sortir du modèle « Tu as tort, j’ai raison » pour embrasser plutôt un modèle « On est différent, on va se parler pour se comprendre et trouver une solution ensemble à notre situation ».
Alors, pourquoi ne pas commencer par nommer les faits observables, expliquer votre ressenti? Ce serait déjà un bien meilleur départ et cela mettrait l’autre dans de meilleures dispositions pour écouter votre version des faits.
En espérant que ces conseils vous inspirent et rendent vos conflits plus constructifs. Bon courage et surtout, soyez bienveillant d’abord envers vous puis envers les autres 😉
Pour aller plus loin :
Gestion de conflits : les anticiper et les désamorcer
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