Chaque année, LeMarson (d’un seul mot) publie un ouvrage en version papier et en version numérique qui couvre de manière exhaustive les tendances des TI. La mission de l’éditeur est d’expliquer ce que sera l’informatique de demain pour vous permettre d’investir dans les meilleures solutions. https://www.lemarson.com
Mélanie Drainville a survolé l’édition 2016 et a voulu en partager quelques points saillants. Mais avant d’en prendre connaissance, posons-lui quelques questions.
Comment t’es-tu retrouvée à lire LeMarson ?
Un collègue m’a suggéré d’y jeter un coup d’œil puisqu’il est important que je me tienne à jour dans le cadre de mes fonctions. Je l’avais déjà vu dans des centres de formation et c’est la petite impulsion qui m’a amenée à le lire.
Pourquoi le recommandes-tu ?
Parce que tous les sujets sont abordés et donc que tous peuvent y trouver leur compte. Aussi parce qu’il enlève les œillères. C’est toujours important de voir plus large et ce livre aide à se former soi-même.
Voici maintenant ces quelques points saillants retenus par Mélanie tels que formulés par LeMarson.
Le futur et Microsoft
Microsoft donne l’impression qu’un lien a été brisé avec le passé. Les changements démontrent que le groupe Microsoft a pris une nouvelle direction. L’arrivée [du nouveau PDG] Satya Nadella a transformé Microsoft en un fabricant d’infrastructures logicielles centrales (SharePoint, Office 365, Active Directory, Yammer, Exchange, Skype, Azure). Windows n’est plus ce qui importe le plus puisque le poste de travail se tourne vers les interfaces mobiles et les appareils mobiles. Linux semble dominer malgré tout. Les véritables concurrents de Microsoft ne sont plus IBM ou HP, mais Cisco et Google.
Office 365 remporte le combat par KO
Plus une entreprise est d’une taille importante, plus elle tend vers Office 365. Pour les entreprises de plus de 500 personnes, 34.3 % choisissent Office 365 contre 21,9 % qui choisissent Google. Cet écart se creuse pour les compagnies de plus de 1 000 employés avec 57 % qui choisissent Office 365 contre 18 % qui choisissent Google.
Un match est annoncé entre le iPad Pro et la tablette Surface 4Pro
Apple et Microsoft fourbissent leurs armes et proposent deux tablettes très comparables.
- Un écran de 12,9 pouces
- Une définition de 2732 x 2048 pixels
- Le stylet est de retour pour le monde du professionnel
Microsoft joue la carte de la finesse et de la légèreté avec une diagonale augmentée à 12,3 pouces pour un écran basé sur la technologie Pixelsense et ses 5 millions de pixels et contrairement à Apple, Microsoft a choisi le tout nouveau Intel Core de 6e génération qui présente des capacités accrues de 30 % et une consommation d’énergie optimisée, plus de mémoire (16GB) et plus de capacité de stockage. La règle du « toujours plus » est respectée !
Un réseau WiFi planétaire pour Google
Google prévoit mettre en place un réseau WiFi de très grande ampleur qui sera d’abord disponible aux États‐Unis avant d’être déployé à l’international.
Les usagers pourront s’y connecter automatiquement avec leurs appareils mobiles dotés d’une compatibilité WiFi. Les premiers appareils compatibles seront les Nexus6 sous Androïd. Tous ceux qui suivront seront également sous Androïd. Ces appareils tenteront automatiquement de se connecter au réseau Google et si, par la suite, ce réseau cesse d’être disponible, une connexion sur un réseau 4G sera établie.
Les « Small Cells » au secours des réseaux mobiles
Les infrastructures cellulaires pour la téléphonie mobile compteront 5,2 milliards d’abonnés d’ici 2019. Nos réseaux 4G et 5G seront donc saturés dans certaines zones urbaines.
Il existe désormais des solutions complémentaires que l’on regroupe sous le terme de « Small Cells » qui pourront être exploitées là où cela s’avérera nécessaire. Elles créent des zones cellulaires de plus petite taille que les macros‐cellules utilisées en ce moment.
Vision intéressante à propos du moteur de recherche Google
Google tire plus de 95 % de ses revenus de son moteur de recherche qui est devenu un réflexe dès qu’il s’agit de chercher une information. Il ne manque cependant pas de défauts, mais tous ses concurrents ont les mêmes.
Le principal problème est qu’il est un moteur de recherche, pas de trouvaille. Pour une requête, il nous retourne 2 millions de résultats que nous ne lirons jamais puisque moins d’un pour cent des usagers lisent les résultats qui ne sont pas sur la première page. Nous sommes devenus des chercheurs convulsifs, mais pas des lecteurs.
L’idéal serait de nous fournir moins d’occurrences. Pour ce faire, les moteurs de recherche devraient s’appuyer sur une description sémantique des objets qu’ils indexeront de manière à nous fournir que ce qui correspond réellement au profil de la recherche.
L’avenir des moteurs de recherche se trouve là, mais ce n’est pas gagné puisque, pour réussir, tout le monde devrait se mettre d’accord sur des ontologies communes, des grammaires descriptives du savoir, quelle que soit la langue du requérant, ce qui semble quasi impossible.
Le numérique peut‐il se substituer à notre identité légale ?
Dans les prochaines années, nous ferons face à l’envahissement de notre univers personnel et professionnel par les technologies numériques, au point où l’on peut se demander si l’identité numérique ne pourrait pas remplacer dans les faits notre bonne vieille identité papier.
Aujourd’hui, nous possédons deux identités ; la première est officielle et légale, tandis que la deuxième est officieuse et est constituée de toutes les traces numériques que nous laissons sur le Web. Cette identité numérique nous suit et n’a de compte à rendre à personne. Le problème est que celle-ci peut comporter de nombreuses erreurs qui peuvent pourrir la vie sans qu’il soit possible d’y mettre un terme.
Cette identité numérique est plus ou moins acceptée de tous les systèmes informatiques que nous utilisons. C’est cette identité-là qui livre au commerce numérique tout ce qu’il a besoin de savoir et non pas la première, notre identité légale. Est‐ce que la deuxième peut remplacer la première ? On suppose que non, mais nous devons nous poser la question.
De quoi cette identité numérique est-elle constituée ?
Il sera de plus en plus difficile de s’opposer à la constitution de cette deuxième identité et nous devrons nous contenter d’en améliorer le contenu lorsque cela est possible.
Les réseaux sociaux jouent un rôle très révélateur dans la vie professionnelle. Par exemple, une personne possédant un profil LinkedIn peut aviser ses « Amis » de tout changement d’affectation. Avec le temps, un outil logiciel (Textiming) saura reconstituer votre carrière d’une meilleure manière que votre CV ne le ferait.
Donc, la réputation d’un produit, d’une marque, d’une personne peut être écorchée sans qu’il soit toujours possible d’y remédier. Chose certaine, une réglementation devrait être mise en place puisque nous ne pouvons continuer à gâcher notre identité sous prétexte d’efficacité commerciale.
Les nouvelles organisations du travail
Dans quelques années, les sources de revenus des employés vont se multiplier. Évidemment, plusieurs gros soucis accompagneront ce changement : manque de préparation, stress, disponibilité permanente, etc.
Nous assistons à une véritable révolution dans nos modes de travail en allant de la rémunération basée sur le temps passé dans un lieu de travail vers un modèle basé sur la réalisation de tâches préaffectées.
Tous les systèmes de collaboration poursuivent cet objectif : faire en sorte que les employés ne soient plus attachés à leur poste, mais qu’au contraire ils puissent s’exprimer en totale liberté, où ils le veulent, en nomades et en parfaite ubiquité.
Quel que soit le lieu où nous nous trouverons, nous aurons accès à diverses fonctions techniques telles que le transfert de gros fichiers, aux diverses fonctions de communication comme la messagerie et la vidéoconférence ainsi qu’aux réseaux sociaux d’entreprises et externes, aux outils d’organisation de notre espace et de notre temps de travail tel que les rendez‐vous et les agendas, ainsi qu’à la possibilité du travail commun sur des documents.
Nous sommes entraînés vers un monde nouveau, pourvu que ces nouvelles façons de fonctionner ne soient pas rejetées. Quelles seront les grandes révolutions ?
- Les employés cumuleront plusieurs contrats simultanément
- Le télétravail se développera exponentiellement
- Il y aura moins de bureaux dans les entreprises qu’elles n’ont d’employés
- Les contrats entre employeurs et employés ainsi qu’entre entreprises et fournisseurs seront modifiés pour tenir compte de ce nomadisme.
Les difficultés psychologiques et matérielles
Les possibles difficultés que cela entraîne ne peuvent être balayées du revers de la main. Le stress de travailler pour plusieurs employeurs est évident. Certains d’entre eux ne comprendront pas qu’ils ne soient pas privilégiés parce qu’ils ne tiendront pas compte des contraintes qui ne les concernent pas.
Certaines personnes ont besoin de contacts et de présence physique. Il faudra donc mettre en place des solutions mixtes pour répartir le temps passé au bureau et en télétravail. Cette grande liberté aura des conséquences matérielles puisque l’employé devra aussi disposer d’un espace de travail.
La responsabilité personnelle augmentera. Auparavant, l’entreprise décidait pour nous, mais, il faudra désormais décider, choisir, organiser et ça ne sera pas au goût ou selon la capacité de tous.
Des changements dans les contrats
Les rémunérations vont changer pour rémunérer les tâches effectuées plutôt que le temps passé au travail. Ce changement créera des distorsions graves entre les personnes qui sont plus efficaces et celles qui le sont moins entraînant un risque de discrimination. Il faudra donc tailler à grand coup de couteau dans les codes du travail qui remontent parfois à plus de 100 ans pour s’assurer de ne léser personne dans les entreprises.
Puisqu’il ne sert à rien d’ignorer ces changements, pourquoi ne pas commencer à y réfléchir ?
Devrons‐nous, un jour, payer un loyer pour la communication ?
Les modes de travail changent comme nous l’avons vu ci-dessus. Notre dépendance envers les moyens de communication est déjà forte… Office 365 et Google Aps nous proposent des solutions pour envoyer des messages et y répondre ainsi que pour participer à des réunions instantanées. Il n’est pas rare que nous soyons restés suspendus à notre téléphone intelligent ou notre tablette pendant l’équivalent d’une demi-journée. Il deviendra de plus en plus impossible de travailler sans ces outils et moyens de communications.
Tout le monde est cependant d’accord sur le fait que plusieurs regrettent cette virtualisation, que des comportements poussés à l’extrême peuvent générer des nuisances. Nous commençons à peine à en discerner les contours.
Puisqu’un salarié aura plusieurs employeurs à la fois et que le télétravail en mode nomade sera de plus en plus fréquent, nos outils devront être performants. Mais combien accepterons‐nous de payer pour en bénéficier ?
Dans les années à venir, une sorte de nouveau loyer sera établi : celui de la communication. Il faudra s’habituer à payer une sorte de redevance de l’ordre de 150 $ par mois pour travailler dans de bonnes conditions, avec des outils et des moyens de communication performants afin de pratiquer nos activités professionnelles sans devoir nous préoccuper d’arguties contractuelles telles que le volume de données maximum autorisé.
La vérité sur les pannes du Cloud
En 2016, les utilisateurs ont encore peur du Cloud pour 4 raisons principales :
- Ils ne savent pas ce que les prestataires font de leurs données
- Ils perdent le contrôle de l’exploitation courante et se disent qu’ils ne sont plus maîtres de rien
- Ils croient que les standards ne sont pas clairement établis ce qui ne garantit pas que les investissements consentis ne seront pas perdus
- Ils craignent les pannes des prestataires, voire même les faillites (comme cela est arrivé à Nirvanix)
La crainte des pannes est importante et freine l’adoption de la technologie. Si l’on en croit la presse, l’état permanent du Cloud serait la panne… Il est donc nécessaire de faire la vérité sur ce point. L’état permanent que dresse CloudHarmony montre, preuves à l’appui, que les pannes sont plutôt rares, contrairement à ce qui se dit. Malgré les problèmes rencontrés par Microsoft avec Azure, on reste à des niveaux de disponibilités très élevés, au-delà de 99 %.
Ce qu’il faut retenir des statistiques disponibles, c’est que malgré les Service Level Agreements (SLA) 1 des hébergeurs, il faut toujours disposer d’une solution de rechange. Ils auront beau promettre la lune, lors d’une panne et donc d’une non-disponibilité de vos données, il sera essentiel d’avoir prévu un véritable plan de continuité d’activité (PCA) et des plans de reprise d’activité (PRA) 2 pour les ressources les plus sensibles.
Il faut également garder en tête que ces systèmes souvent virtuels sont plus complexes à exploiter que ce que nous avons connu dans le passé et qu’il faut bien faire confiance au professionnalisme des hébergeurs pour atteindre les objectifs fixés. Au fil du temps, les pannes devraient être de plus en plus rares.
1 Le SLA (Service Level Agreement) est un indicateur important qui définit la qualité de service fournie par un prestataire Cloud à ses clients. Le SLA spécifie notamment le taux de disponibilité d’une infrastructure ou d’un service Cloud. (source : http://www.globalsp.com/sla/)
2 Les plans de continuité d’activité (PCA) et les plans de reprise d’activité (PRA) sont des concepts composés de documents et de procédures, destinés à permettre le fonctionnement d’une entité en cas d’incident ou de désastre. (source : http://www.christophe-casalegno.com/docs/prapca.pdf)