Isabelle parle comme TED

Comment une présentation se retrouve au panthéon et comment vous pouvez améliorer les vôtres.

Comment t’es-tu retrouvée à lire Talk Like TED ?

J’adore les TED talks et j’en regarde au lieu de regarder la télévision quand j’ai un peu de temps libre. Les conférenciers sont inspirants, parfois drôles et souvent émouvants. Ceux qui me racontent des histoires et qui interpellent mes émotions, c’est-à-dire qui stimulent mon imaginaire, provoquent quelque chose. C’est de celles-là en particulier que j’ai envie de parler dans mes formations. Pour moi, une conférence TED c’est 18 minutes intelligentes.

Un jour que je partais en vacances, je vais, fidèle à mon habitude, flâner au kiosque de livres et magazines en attendant le départ de mon vol. Talk Like TED y était et m’a tout de suite sauté aux yeux. J’ai commencé à le lire dans l’avion et mon exemplaire est désormais bourré d’annotations multicolores.

Quel est l’argument principal de l’auteur ?

Pour avoir de l’impact, un présentateur doit inclure chacun de ces trois éléments et dans les proportions indiquées : 10 % d’Éthos, 25 % de Logos et 65 % de Pathos.

L’Éthos a trait aux moyens de persuasion qui résultent de la personnalité de l’orateur. On a tendance à croire les gens que l’on respecte, qui sont crédibles et qui disposent d’une bonne notoriété. Il est important de projeter l’impression que l’on est quelqu’un qui vaut la peine d’être écouté. En d’autres termes, faire en sorte de devenir une autorité incontestée sur le sujet défendu tout en incarnant une personne agréable et digne de respect.

Le Logos touche la persuasion par le raisonnement. Il s’agit ici de la clarté du message, de la logique du raisonnement tout autant que l’effectivité et la justesse des exemples utilisés. La logique se déploie dans l’argumentation et la réfutation à l’aide de références à des études, des statistiques, des études de cas, des comparaisons, des analogies…

Le Pathos, lui, est le moyen de persuasion qui fait appel aux émotions de l’auditoire. Utiliser le Pathos n’engage pas uniquement la part émotionnelle de l’auditoire, mais permet aussi au public de s’identifier aux arguments de l’orateur. Les auditeurs perçoivent ce que l’orateur ressent. Le Pathos est en ce sens la capacité à faire ressentir une émotion imaginaire à l’auditoire. La manière la plus commune d’y parvenir est d’utiliser la narration ou de raconter une histoire qui transforme la logique rationnelle (Logos) en un objet palpable et présent. Les valeurs, les croyances et les idées de l’orateur sont intégrées à l’histoire et absorbées par l’auditoire à travers l’imaginaire de la narration. Tout cela fait appel à un langage vif et lumineux et à un langage non verbal expressif.

Aucun élément ne peut se passer d’un seul des autres. L’accumulation de faits sans un narratif captivant tombera à plat. Le narratif le plus fascinant ne laissera pas de trace durable s’il ne réfère pas à des éléments rationnels.

Qu’en as-tu tiré personnellement ?

Dans mon travail avec Formations Qualitemps, le livre m’a d’abord poussée à accorder plus d’importance à la congruence entre le verbal et le non verbal (éthos) afin que le message passe. Ensuite, j’ai appris à être plus concise, que je pouvais avoir un aussi gros impact en moins de temps. Less is more. Pour convaincre, je ne suis pas obligée d’exposer tous les faits en ma possession : je dois sélectionner les faits qui m’aident à construire une histoire mémorable. Il ne s’agit pas de raconter des histoires, mais une histoire dans laquelle les faits que je retiens doivent être véridiques. Un adage québécois dit : « On veut pas le savoir, on veut le voir. » Je le modifierais comme ceci : « On veut pas le savoir, on veut le ressentir. » C’est par le biais d’une histoire qu’on ressent le mieux.

Comment, en général, ces concepts pourraient-ils être mis en pratique au travail ?

Chacun des neuf chapitres contient des concepts très importants, mais voici ce qui a marqué mon imaginaire et qui peut à mon avis, servir bien des employés, gestionnaires, leaders de nos entreprises et organisations à parfaire leur façon de communiquer leurs idées, à générer plus de confiance autour d’eux et à gagner en crédibilité en se préparant à donner une présentation.

  • Demandez de l’aide sur le contenu et la structure
     
  • Sollicitez de la rétroaction tôt dans le processus, bien avant d’avoir complété votre présentation
     
  • Répétez, répétez et, enfin, répétez…
     
  • Ayez une conversation : la présentation devrait avoir l’allure et le ton d’une conversation que vous auriez avec un proche
     

Amand Palmer a mis ces quatre conseils en pratique avant de livrer sa conférence TED en 2013. Résultat ? Sa présentation TED est celle dont on a le plus parlé cette année-là. Elle mentionne dans son blogue la quantité phénoménale de personnes avec lesquelles elle a testé, raffiné, ajusté sa présentation… Si vous y allez, notez comment elle a dessiné sa conférence…

http://blog.amandapalmer.net/20130307/

Créez des moments qui laissent l’auditoire bouche bée

Un excellent exemple de ce conseil est le moment où Bill Gates a ouvert dans la salle un bocal rempli de maringouins pour décrier le fait que la proportion de pauvres atteints de la malaria était trop élevée…

Enfin, il ne faut jamais oublier ces quatre éléments clés :

  • Maîtrisez votre débit
     
  • Contrôlez le volume de votre voix
     
  • Variez vos intonations
     
  • Insérez des pauses stratégiques pour souligner les mots-clés
     

Pourquoi le recommandes-tu ?

Pour que les leaders qui s’apprêtent à communiquer un message s’assurent de bien sentir ces relations afin de rendre leur message porteur. Leur préparation est cruciale. Ils doivent prendre le temps de préparer non seulement leur contenu, mais la façon dont ils vont le communiquer. Ce livre montre l’importance d’avoir une intention claire, de construire un canevas narratif (histoire) et d’inclure une histoire personnelle afin que l’auditoire reçoive bien le message.

En conclusion, quelles sont tes conférences TED préférées ?

D’abord, celle de Bryan Stevenson sur les droits civiques en 2012 à Long Beach en Californie. Devant 1 000 personnes, il a reçu l’ovation debout la plus longue de l’histoire des TED talks. À noter qu’il n’avait ni PowerPoint ni aucun autre visuel que lui-même…

<https://www.ted.com/talks/bryan_stevenson_we_need_to_talk_about_an_injustice>

Ensuite, celle de Sir Ken Robinson sur l’école et la créativité :

<https://www.ted.com/talks/ken_robinson_says_schools_kill_creativity>

Enfin, celle de Sheryl Sandberg sur le leadership au féminin :

<https://www.ted.com/talks/sheryl_sandberg_why_we_have_too_few_women_leaders>