Petit rappel historique
La grammaire n’a jamais été figée. À travers les siècles, ses règles ont évolué pour refléter les transformations sociales. Par exemple, avant le XVIIe siècle, le genre des mots variait en fonction du nombre : lorsqu’un homme était mentionné avec plusieurs femmes, l’accord se faisait au féminin. De même, il était courant que l’adjectif ou le verbe s’accorde avec le sujet le plus proche (ex. : des femmes et un homme intelligent). La grande réforme grammaticale orchestrée par Richelieu au sein de l'Académie française visait, en partie, à imposer la domination du masculin, affirmant qu'« en tout, le genre masculin l'emporte sur le féminin. » Certain·es historien·nes soulignent que cela traduisait une volonté de minimiser l'importance des femmes dans la société, en réécrivant la grammaire dans un but idéologique.
L’écriture inclusive repose donc sur plusieurs principes et techniques qui visent à éviter les biais de genre et comme nous venons de le voir, la masculinisation systématique de la langue, longtemps considérée comme la norme grammaticale.
Pourquoi adopter l'écriture inclusive ?
Favoriser l'égalité des genres
L’un des principaux arguments en faveur de l’écriture inclusive est qu’elle contribue à la lutte contre les stéréotypes de genre. En effet, la langue structure notre perception du monde, un concept illustré par George Orwell dans 1984, où le contrôle du langage restreint la capacité à penser librement. Comme le souligne Orwell, notre capacité langagière détermine notre capacité à réfléchir et à remettre en question l’ordre établi. Utiliser des formes grammaticales qui incluent toutes les identités de genre permet de briser les stéréotypes et de renforcer l’idée d’égalité entre hommes et femmes. Comme l'explique une étude de l’Université de Bristol, l’écriture inclusive peut modifier notre façon de penser et promouvoir des interactions plus respectueuses et équitables.
Représenter les communautés non binaires
L’un des enjeux majeurs de l'écriture inclusive est la représentation des personnes non binaires. Bien que l’utilisation de pronoms neutres ou de termes inclusifs, tels que « parent » au lieu de « père » ou « mère », vise à respecter la diversité des identités de genre, il est important de reconnaître que tout choix linguistique implique des compromis. Il est impossible d’inclure absolument tout le monde, et chaque approche peut, par définition, exclure certaines personnes. Néanmoins, adopter ces techniques permet de tendre vers une communication plus ouverte et respectueuse, en élargissant les perspectives tout en acceptant les limites inhérentes à l’usage de la langue.
Les critiques et défis de l’écriture inclusive
Bien que l'écriture inclusive soit largement adoptée dans certaines sphères, elle suscite des critiques, souvent liées au respect des normes établies et à une réticence naturelle au changement. D'une part, certaines personnes considèrent que la langue doit rester conforme à une norme rigide, qui garantit une clarté et une simplicité dans son usage. D'autre part, la difficulté à changer des habitudes d'écriture solidement ancrées est un frein important à l’adoption de nouvelles pratiques.
Cependant, comme le rappellent les expert·es en linguistique, la langue est vivante et s’adapte constamment pour refléter les évolutions sociales. L’écriture inclusive s’inscrit dans cette dynamique de changement.
Vers une utilisation équilibrée
L'adoption de l'écriture inclusive doit se faire avec équilibre et réflexion. Elle ne vise pas à imposer des règles strictes, mais à sensibiliser les rédacteurs, rédactrices et communicant·es aux effets de la langue sur les perceptions sociales. Pour adopter une écriture inclusive efficace, il est conseillé d’utiliser des techniques simples comme la neutralisation des termes genrés. Comme le souligne le Guide sur l’écriture inclusive de l'APA, l’important est d’adapter son écriture au contexte et de privilégier une approche respectueuse et ouverte.
L'impact de l'écriture inclusive sur la marque employeur
Adopter l’écriture inclusive ne se limite pas à une simple modification linguistique ; cela peut également avoir des conséquences significatives sur la marque employeur et l’attractivité de l’entreprise, notamment auprès des jeunes générations. En effet, elles sont plus sensibles aux questions d’inclusivité et de diversité et elles accordent une grande importance aux valeurs que les entreprises véhiculent à travers leur communication.
Intégrer l’écriture inclusive dans ses pratiques rédactionnelles envoie un signal fort : celui d’une organisation moderne, engagée pour l’égalité et la représentation de toutes les identités. Cette démarche peut contribuer à renforcer l’image de l’entreprise en tant qu’employeur progressiste qui adopte les principes ESG (Environnement, Social, Gouvernance), attirant ainsi des talents qui partagent ces valeurs.
Dans un marché du travail où la concurrence pour attirer les meilleures compétences est de plus en plus forte, l’adoption de pratiques inclusives devient un levier stratégique pour séduire une nouvelle génération de professionnel·les, tout en contribuant à améliorer la cohésion interne et l’appartenance à l’entreprise.
Pour conclure
L’écriture inclusive s’est imposée comme un outil puissant pour promouvoir l'égalité et la diversité dans la langue. En prenant en compte les identités de genre et en évitant les biais sexistes, elle permet de créer un langage plus inclusif et représentatif. Si son adoption peut sembler complexe, elle constitue une évolution nécessaire pour construire une société plus juste et égalitaire.
Alors, prêt·e·s à faire le pas vers une communication plus inclusive ?
Pour aller plus loin :
Écriture inclusive : mieux représenter l’organisation dans ses communications