S’éloigner des clichés
Le blogue « Pratiques RH » propulsé par la Fédération des Chambres de commerce du Québec (FCCQ) souligne que le monde du travail québécois, dans certaines industries, a progressivement abandonné la valorisation de l’ancienneté au profit de l’attractivité des nouvelles compétences de jeunes travailleurs hyperspécialisés dans leur domaine d’emploi. Cela dit, la cohabitation entre les générations a toujours existé et, avec le vieillissement de la population, elle constitue un phénomène de plus en plus présent au sein des organisations. Le sujet est délicat et tomber dans le piège des clichés ou de la généralisation de ce fait social est trop facile.
Nathalie Daffos, spécialiste en accompagnement RH, le souligne à grands traits : « Ce que nous recommandons avant tout aux entreprises, c'est de démystifier les stéréotypes : les séniors ne savent pas se servir d'internet, les jeunes ne savent pas communiquer et manquent de concentration ». D’accord, mais quelles sont les recours auxquels un·e gestionnaire peut utiliser afin de valoriser cette « mixité générationnelle »?
Miser sur la diversité générationnelle
« Des écoles de commerce ont prouvé par des études que la coopération intergénérationnelle favorise l'innovation et la créativité en entreprise », mentionne Nathalie Daffos. Des exemples de combinaison réussie se rencontrent souvent dans le domaine des nouvelles technologies (TI) où l’expérience des séniors s’allie aux compétences des juniors au moment de créer une équipe sur un projet donné.
Marie-Hélène Durivage Maher, directrice Innovations et solutions technologiques, a vécu l’expérience et les résultats sont épatants. Elle mentionne que le but est de se développer ensemble, dans l’entraide. Par exemple, le ou la jeune qui vient d’arriver va vouloir essayer toute une panoplie de technologies, car il ou elle a soif d’apprendre, tandis que le ou la sénior, avec le recul, va proposer un cadre pour tester ces nouveaux dispositifs. « Une équipe homogène aux alentours de la vingtaine fera peut-être les erreurs qu’un sénior a déjà faites par le passé », ajoute-t-elle.
Intergénération : quelques astuces à garder en tête
Nous sommes tous d’accord sur le fait que l’idéal d’une équipe performante repose sur la communication, l’ouverture et la transparence. Nous savons aussi que cet objectif organisationnel (parfois plus facile à énoncer qu'à mettre en place) ne prend sens que lorsqu’elle est aussi orientée vers les résultats et la performance de l’organisation. Voici donc deux exemples concrets à mettre en place afin de favoriser la cohabitation des générations… au profit de l’entreprise et des employé·es: La valorisation des membres de l’équipe et le mentorat.
La valorisation des membres de l’équipe
Nathalie Daffos insiste sur le fait que le rôle des gestionnaires et des services RH est de susciter des échanges, d’organiser des activités de cohésion d’équipe et une culture d’entreprise basée sur la communication. Il existe plusieurs manières de valoriser ses collaborateurs sans que cela nécessite une quelconque préparation ou un investissement. Par exemple, la reconnaissance est essentielle pour les employé·es. L’entreprise Teamstarter mentionne sur son blogue que le fait de valoriser et complimenter le travail de chacun, à la fois en privé et en public, peut avoir un impact fort sur la motivation des salarié·es. De plus, un·e employé·e se sentira plus solide et valorisé·e s’il ou elle ressent que la confiance règne entre son ou sa gestionnaire et lui ou elle. Confier de plus grandes responsabilités à un·e employé·e ou un projet distinct de ses tâches habituelles peut lui envoyer un signal clair : le ou la gestionnaire est fier·e de lui ou d'elle et est prêt à lui transmettre de nouveaux projets. Lorsque l’on parle de valorisation des équipes dans un contexte d’intergénération, l’idée est surtout de reconnaître les nouvelles compétences des plus jeunes (maîtrise d’outils récents, facilité technologique, connaissances à jour) et aussi celles des plus vieux (expérience, connaissance fine du marché, des parties prenantes).
Le mentorat
Le mentorat peut devenir une stratégie de taille afin de favoriser la collaboration entre deux générations. La relation mentor-apprenant·e est acceptée comme une sorte de contrat moral entre les deux parties. Le binôme créé, grâce à l’accompagnement du mentor, peut atteindre des objectifs qu’il ou elle n’aurait peut-être pas pu atteindre (ou pas aussi rapidement) seul·e. L’agence Michael Page souligne que les avantages sont nombreux pour le ou la mentor et pour le ou la mentoré·e. Ces dernier·es s’ouvrent à de nouveaux points de vue et développent ensemble de nouvelles idées. Cela leur permet également de réfléchir au sujet de leurs objectifs personnels respectifs et de développer leur style de leadership. Au-delà de l’accroissement de la performance en entreprise, l’aspect humain qui s’y déploie est fort important.
Le mentorat inversé est aussi une tendance que l’on constate en entreprise. Les membres les plus jeunes d’une organisation vont, par exemple, initier les plus âgés à l’usage de nouvelles technologies afin qu’ils restent à jour, ce qui va impulser une transmission à double sens. Démocratisée dans les années 70, la formule semble faire ses preuves. On note également que la manœuvre impacte positivement l’expérience employé·e des plus jeunes en leur confiant des responsabilités et une position valorisante qui leur permet de se démarquer et de mettre à profit leurs savoirs. De plus, cela a tendance à limiter le taux de roulement, faciliter le développement des compétences et la formation de la relève.
Pour conclure
Un gain, point final. Voilà ce qu’est la collaboration intergénérationnelle lorsqu’elle est comprise et pratiquée dans le respect, l’échange et la prise en compte de l’autre. Il existe plusieurs astuces simples et qui ne demandent que de la volonté pour être mises en place. Pourquoi ne pas mettre à profit les années d’expérience d’un·e sénior afin de structurer et solidifier l’expérience employé·e d’un·e nouveau·elle venu·e? Et inversement, l’apprentissage des nouvelles technologies peut devenir une excellente occasion d’offrir à un·e jeune employé·e la possibilité d’enseigner ses acquis afin que le succès soit collectif.
Il y a des pistes à explorer pour que chaque service ou organisation trouve ce qui fonctionne pour lui ou elle, tels des groupes de discussion, des séances de coaching, du team building ou des projets organisationnels “hors travail”. Et vous, vers quelle stratégie votre organisation a-t-elle tendance à pencher? À réfléchir!
Pour aller plus loin :
Intergénération : tirer profit des différences
Sources
BOUCHAIN, Marilyn. « Savoir gérer les relations intergénérationnelles au travail », Pratiques RH. 19 janvier 2024.
MICAELLI, Serena. « Valoriser ses collaborateurs : les astuces efficaces », Teamstarter. 30 novembre 2023.
MICHAEL PAGE. « Les avantages du mentorat ».