L’intelligence émotionnelle, c’est quoi exactement?
Grosso modo, c’est cette capacité qu’on a (ou pas encore) à :
- Identifier nos émotions, sans minimiser, sans exagérer
- Les nommer, sans se dire qu’on est "trop sensible" ou "pas bon en communication"
- Les gérer, sans les refouler, ni les étaler partout
- Comprendre ce que vit l’autre, même s’il est à l’opposé de nous
- Et ajuster notre comportement pour garder une relation saine, même quand c’est inconfortable
Daniel Goleman, un des pionniers sur le sujet, divise ça en cinq grands volets :
- conscience de soi
- maîtrise de soi
- motivation
- empathie
- habiletés sociales
Pour simplifier, l’intelligence émotionnelle, c’est cette capacité à capter ce qui se passe au-delà des mots et des gestes, là où se trouvent les besoins, parfois invisibles, qui cherchent à être comblés. Les émotions, quant à elles, sont notre boussole intérieure : elles nous révèlent si nos besoins sont nourris ou non.
Est-ce que c’est important au travail? Ou c’est juste bon pour les gens qui font de la cohérence cardiaque entre deux réunions?
Oh que oui, c’est important. Et pas juste un peu.
On pense souvent que c’est notre CV ou nos compétences techniques qui déterminent notre efficacité. Mais de plus en plus d’études (et d’expériences de terrain, j’ajouterais) montrent qu’une bonne intelligence émotionnelle, c’est un facteur de performance, de bien-être et même de fidélité en entreprise. D’ailleurs, Goleman en parle dans ses ouvrages.
Intelligence émotionnelle et performance : des chiffres qui parlent
71 % des recruteurs priorisent l’intelligence émotionnelle dans leurs critères d’embauche (source : Resilienceei).
Les personnes avec un bon QE sont plus calmes sous pression, plus efficaces en équipe, et meilleures en résolution de conflits.
Elle serait liée à 58 % de notre performance globale (source : TalentSmart).
Et côté santé mentale ? Les personnes avec une grande IE ont 3 fois moins de risques de faire un burn-out (source : Harvard Business Review).
En somme : c’est bon pour l’ambiance, la performance, et notre paix d’esprit à tous.
Qui a besoin de développer son intelligence émotionnelle?
La réponse courte : tout le monde.

Mais bon… on va être honnêtes deux secondes. Il y a certains rôles et contextes où c’est un peu plus difficile de la mettre en pratique.
- Les gestionnaires : parce que quand ça déborde émotionnellement, c’est souvent après eux (vous ?) qu’on attend pour apaiser, recadrer ou réconforter.
- Les équipes en service à la clientèle (ou sur le terrain) : parce que gérer des clients impatients ou stressés sans le prendre personnellement, ça demande du doigté.
- Les jeunes professionnel·les qui démarrent : parce qu’on peut facilement se sentir débordé·e ou sur la défensive quand on manque encore de repères.
- Les milieux en transformation ou sous pression (donc… presque tous ?) : parce que dans le doute, c’est notre émotion qui parle la première.
Comment améliorer son intelligence émotionnelle concrètement (sans devenir moine bouddhiste)
Bonne nouvelle : l’intelligence émotionnelle, ça se travaille. Ce n’est pas un don réservé aux coachs et aux moines Zen.
Voici quelques idées que je propose souvent :
- Prendre un moment pour écouter ce qui se passe en soi, même si c’est juste une inspiration consciente avant une rencontre tendue
- Faire un retour sur soi… pas pour s’auto-flageller, mais pour comprendre les patterns qui nous enferment et identifier ce qui a envie de vivre : nos besoins.
- Oser demander de la rétroaction sincère, pas juste "ça va bien ?" dans le corridor
- Apprendre à nommer les émotions (désolé, mais "ça me fatigue" n’est pas une émotion)
- S’entraîner à écouter l’autre sans se placer tout de suite en mode "réponse" ou "solution"
- Et peut-être… suivre une formation encadrée
Une habileté à apprivoiser… un pas à la fois
On parle souvent d’intelligence émotionnelle comme d’un atout relationnel... mais elle va bien au-delà de "bien communiquer". Elle influence nos décisions, notre capacité d’adaptation, notre façon de traverser les difficultés et, parfois, la qualité de nos journées au travail.
Dans un monde où les livrables s’enchaînent et où les enjeux humains ne diminuent pas, peut-être que cette compétence mérite simplement un peu plus d’attention. Sans pression, sans mode d’emploi parfait. Juste en en prenant conscience. En l’observant chez soi, chez les autres. En se donnant l’espace de la curiosité.
Et si jamais vous avez envie d’aller un peu plus loin dans cette exploration, à votre rythme, selon vos besoins, une formation existe.
Intelligence émotionnelle : la développer pour mieux interagir au quotidien
Sources :
Harvard Business Review - Why Emotional Intelligence Is Important in Leadership
Intelligence émotionnelle dans les lieux de travail canadiens
Quelques suggestions de lecture (mes coups de cœur) :
Goleman, D., Boyatziz, R. et McKee, A., L’intelligence émotionnelle au travail. Pearson, 2010.
David, S., L’agilité émotionnelle : accueillir ses émotions et les transformer. J’ai lu, 2018.
Brackett M., Permission to Feel: The Power of Emotional Intelligence to Achieve Well-Being and Success. Celedon Books, 2020.
Lebreton, P. et du Sorbier, P, 50 Exercices pour développer son empathie, Éditions Eyrolles, 2016.
Roserberg, M. B., Les mots sont des fenêtres (ou des murs). Éditions Jouvence, 2005.
Rust, S., Quand la girafe dans avec le chacal. Éditions Jouvence, 2008.